top of page

LA COMMUNAUTÉ

Défroquer de la modernité monétaire par Alexandra Carignan

Cette année, pour débuter 2016, je m’étais lancé un défi de taille. Du moins, pour moi c’en était un. Du mois de mars au mois de juin, j’ai tenté de relever le défi 3 mois sans achat. Les règles sont simples : pas d’achat de vêtements, de chaussures, d’accessoires, de livres, de vaisselle, de literie ou de n’importe quoi qui puisse encombrer la maison. Seul le troc, l’emprunt et les cadeaux sont acceptés. Le but de l’exercice? Se rendre compte que nous achetons trop pour ce que nous avons vraiment besoin et trouver des alternatives aux achats. C’est intense, surtout quand nous avons toujours le réflexe d’acheter. Mais au final, on en apprend bien plus que simplement d’économiser. On apprend comment décider des choses essentielles et laisser le superflu de côté.

 

Dis-moi ce que tu consommes et je te dirai qui tu es

Étant une grande consommatrice, c’était un défi qui semblait difficile à relever. Bien malgré moi, je suis une fille influençable et certaines pressions de la société me poussent à acheter constamment. De nouveaux vêtements pour bien paraître, de la belle déco pour avoir un bel appartement, de nouveaux outils qui me donnent l’impression de mieux performer ou encore les derniers cris musicaux pour être à jour. Je voyais déjà tout le conflit interne et la privation que j’allais subir durant ces trois mois. Sans oublier que, étant une fidèle consommatrice du XXIe siècle, j’avais souvent l’habitude d’aller magasiner lorsque je n’allais pas bien, question de me changer les idées et de me mettre un sourire aux lèvres grâce à un nouvel achat. Et on va se l’avouer, mes motifs pour ce défi n’étaient pas géniaux. Mon but «noble» était de moins consommer, mais en réalité, c’était parce que côté budget, fallait faire des coupes. Bref, j’ai pas mal débuté ce défi à reculons.

 

Les premières semaines ont été plus difficiles. Je m’étais désabonné de plusieurs infolettres de magasins, avais enlever le ‘J’aime’ de plusieurs boutiques pour ne plus avoir leurs nouveautés dans mon fil Facebook, mais l’idée que je me privais de quelque chose était encore là. Et peu à peu, je me suis trouvé des alternatives. J’ai besoin de quelque chose? Faire un appel pour voir si quelqu’un pourrait me le prêter. Je veux lire? Regarder dans ma bibliothèque d’abord (le nombre de livre que j’ai accumulé sans les avoir lu est impressionnant) ou voir à la bibliothèque municipale au besoin. C’est super niaiseux et simple, mais je n’avais pas ce réflexe là avant. Il fallait simplement que je me donne de nouvelles habitudes de vie. Finalement, moins consommer n’était pas tant difficile.

 

Pour être honnête, j’ai pris goût à ne pas acheter. Les semaines passaient et j’oubliais même que j’étais dans ce défi. Je m’étais donné des outils qui faisaient que l’achat n’avait pas à diriger mon quotidien. Ça paraît intense, mais j’étais une pas pire consommatrice avec aucune limite (la marge de crédit est le leurre du XXIe siècle). J’ai échoué une fois, au début du mois de mai, je me suis acheté une robe à La Méraki. Je ne le regrette pas (elle était superbe, pas cher, faite à Shawinigan et j’encourageais une boutique locale), mais c’est quand même un mini échec. On est tous humains après tout.

 

Se donner les moyens de changer

Ce qui m’a vraiment aidé dans ma route vers la non-surconsommation, c’est de faire un gros ménage KondoMari dans mon appartement. Je l’avais fait auparavant dans mon linge, mais je n’avais pas appliqué la technique à tout le reste. Là en mai, j’ai fait le grand saut. J’ai réservé 3 jours dans mon horaire pour faire un ménage INTENSE. Au final, j’ai jeté/donné l’équivalent de 5 sacs-poubelles de choses dont je ne me servais plus ou que j’avais accumulé pour rien. Faire ce ménage m’a fait prendre conscience de ce que j’avais vraiment besoin. Après avoir passé 3 jours à me demander «Est-ce que cet objet m’apporte du bonheur?» (oui, c’est quétaine psycho-pop, mais ça MARCHE!), j’avais maintenant plus conscience de l’importance de mes achats.

 

Jetez des choses que tu ne te sert pas, ça te conscientise (et t’exaspère) sur l’argent que tu perds en faisant des achats non-éclairés. Et je crois que tout le succès de mon trois mois sans achat se retrouve là. Je n’ai pas juste passé 3 mois à ne rien acheter. En faisant cette technique de ménage, je me suis donné les outils pour tirer une leçon de ce 3 mois sans achats et d’appliquer ses valeurs dans ma vie quotidienne. J’ai changé des habitudes de vie pour qu’elles me poussent à dépendre moins de mes achats. Et maintenant que mon défi est terminé, je vois son impact sur ma manière de consommer. À chaque occasion d'achat, je me demande si j'en ai vraiment besoin, et la réponse est souvent non. Et lorsque j'achète quelque chose, c'est soit de qualité durable, ou une nécessité immédiate. 

 

Loin de moi l’idée de dire que je suis maintenant guérie de toute envie d’acheter. Je ne suis pas rendu non plus un coach de vie qui connaît le secret d’un quotidien indépendant de pression sociale. Je suis toujours une jeune femme fin vingtaine qui vit dans une société de consommation. Cependant maintenant, j’essaie d’établir les standards qui me vont, et non pas de m’en laisser imposer. Et surtout, j’ai plus conscience de ce que j’ai vraiment besoin, et que la solution n’est pas dans un achat impulsif.

 

Alexandra

 

bottom of page