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PLasticine pour l'âme des inspirées  par Valérie Saucier

«L'incroyable capacité humaine à remodeler le réel à l'image de son idéal ...» - La Plaisanterie (1975) de Milan Kundera

 

L’Équilibre

 

On reste imprégné avec cette idée que la vie est un long fil linéaire sur lequel on funambule, avec toute sorte de perche ayant en leur bout les aspects de nos vies qu’il faut gérer, en équilibre. On essaie tant bien que mal de se rendre de l’autre côté, musclé et heureux d’avoir parcouru ce chemin qui nous est destiné.

 

Comment faire pour mettre en équilibre nos vies et à la fin de la journée, s’endormir avec le sourire?

 

Peut-être qu’être funambule n’est pas réaliste? Comment savoir où attacher le fil de l’autre côté? Quels sont mes objectifs de vie qui me mèneront à la destination finale de l’autre côté du vide? Et la vie est-elle seulement un vide sur lequel il faut marcher en équilibre? Pouah, ce que c’est déprimant!!! Comment peut-on avoir le contrôle sur quoi que ce soit en équilibre sur un fil? Juste à y penser, j’ai le vertige.

 

Et si on changeait d’analogie. Et si l’équilibre était propre à chacun: modulable... La Vie avec un grand V serait plutôt une boule de plasticine que chacun prend et sculpte à son image.

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J’ai un amour profond pour la nature et pour l’être humain. J’aspire à ce que l’ingéniosité de l’humain puisse être mise à profit pour comprendre et aimer la nature. Sans surprise, j’ai fait mes études en biologie, spécialisée en écologie. J’ai appris à nommer la nature, à comprendre certains mécanismes et à prendre compte de l’ampleur de ce qui nous demeure inconnu.

 

J’ai ensuite réussi à trouver un emploi intéressant dans mon domaine. J’avais tout le loisir d’apprendre davantage à nommer la nature, mais aussi à mieux comprendre le cadre qui dicte les activités humaines définies comme acceptables et celles qui le sont moins. Le rêve. Ou presque.

 

J’ai toujours aimé partager ce que je comprends de la nature. À mon humble avis, la compréhension facilite l’empathie et inspire le respect. Dans mon quotidien professionnel, j’ai soudainement eu l’impression d’être bien seule à comprendre la nature. Je me suis dit que si on était plusieurs à réellement la comprendre, les habitudes qu’on nous demande de changer seraient plus faciles à changer. Et j’ai soudainement eu de nouveau ce goût de partager.

 

Mon travail s’est mis à me peser. Très lourd il est devenu. Je dormais les dents serrées et les épaules crispées. Et je me suis finalement arrêtée pour m’écouter: L’inspiration n’y était plus. Alors quoi? J’ai démissionné.

 

Ce qu’on oublie avec nos «vies d’adulte» c’est que la plasticine, on peut la remettre en boule et la resculpter si on veut. Je me suis donc remise à la plasticine. J’ai refait ma boule. Je recommence tranquillement à la sculpter à mon image. Mon image d’aujourd’hui. Et ça me plaît. Je me sens mieux. Je me sens inspirée!

 

Dans la vie, on avance. La sculpture avance. Et jamais on ne recommence complètement. On est plus forts, plus avenants, on a une carte de plus à jouer à cause de notre expérience.

Valérie

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