Parce que le secret, c'est de prendre le temps...
LA COMMUNAUTÉ
Le projet DIY par Élodie Mongrain
Le fameux « do it yourself », j’en entendais parler comme d’une tendance, comme d’une chose qu’on adoptait quand ça nous tente bien, pour la fierté de dire « je l’ai fait moi-même ». C’est attirant parce que ça fait toujours jaser quand on offre un cadeau (bien) fait soi-même ou quand on arrive dans un souper avec un pain pétri de nos blanches mains. Mais quand on fait quelque chose pour la seule satisfaction de le montrer aux autres, il y a des chances qu’on se démotive si ça demande plus que quelques heures de notre précieux temps.
J’aimais quand même l’idée, dans son ensemble, de se questionner avant d’acheter quelque chose. Parce que oui, le DIY, ça vient aussi avec une prise de conscience sur notre manière compulsive d’acheter en grande quantité ou sans bonne raison. Là où je m’y reconnaissais moins, c’était quand je lisais des articles qui me parlaient de la tendance en me faisant sentir coupable de ne pas l’appliquer entièrement, ou quand des amies se sont mises à s’excuser d’apporter une tarte achetée à l’épicerie… (Oui, j’ai mis « amies » au féminin parce que, je voudrais bien être égalitaire tout le temps, mais je mentirais si je disais que j’ai déjà vu un de mes amis masculins s’excuser de ne pas avoir fait une tarte lui-même. On ne se leurra pas là-dessus!)
Bref, après plusieurs réflexions et quelques tentatives bien humbles, j’ai fini par avoir envie d’adopter le tout davantage comme un virage, comme un projet à long terme. Il faut dire qu’à 23 ans, avec un diplôme en poche, un homme dans ma vie et un cadran du lundi au vendredi pour mon boulot de madame avec mes collègues et leurs problèmes de thermopompe, je me suis dit qu’il serait peut-être une bonne chose de me trouver d’autres objectifs de vie que le remboursement de mon prêt étudiant! (Comprenez-moi bien, je ne me plains pas, mais je voulais éviter de me réveiller dans dix ans avec l’idée que j’avais fait un bond par-dessus ma vingtaine.) Le concept du DIY comme un défi à réussir malgré un mode de vie très rapide me parlait donc beaucoup et, en plus, cadrait bien avec mon côté écolo. Sans oublier que, c’est bien beau de vouloir avoir des projets, mais, quand on sort des études, le budget vient souvent interrompre l’imagination dans ses délires…
J’ai commencé par ce qu’il y avait de plus facile à faire moi-même : la nourriture. Puis, peu à peu, je m’y mets dans d’autres domaines. Je tricote mes mitaines, j’essaie des produits de nettoyage maison, … Au fil du temps, j’ai fini par réaliser qu’il fallait que j’applique certaines « règles » de base pour ne pas m’y perdre.
1. Une chose à la fois : si j’avais voulu tout faire moi-même dès la première semaine, je me serais découragée après 24 heures. J’ai commencé par mon pain, puis ma confiture, puis mon bouillon de légumes, puis ma compote, … Faire une chose à la fois, ça permet d’intégrer la nouveauté comme il faut à la routine. Ça laisse le temps, aussi, de réaliser qu’avec la congélation et les conserves, il n’est pas plus long de faire les choses soi-même, bien au contraire. Des pâtes fraîches mises au congélateur cuisent en trois minutes top chrono : pas mal pratique par un mercredi soir agité.
2. Rester indulgente envers moi-même : oui, il m’est arrivé d’aller acheter un pain parce que je n’avais pas envie de boulanger un soir de semaine. Ce n’est pas une raison pour me sentir soudainement coupable. Pour que mon projet en reste un qui soit plaisant, je ne peux pas en faire une obligation formelle. Cela dit, ces soirs où j’ai acheté un pain tranché, je me suis surprise à lire la liste des ingrédients, puis à comparer avec ce que je mettais dans mes propres recettes. Spontanément, ça m’a passé le goût d’en racheter. Je vous le dis, c’est surprenant quand on s’y attarde à quel point il y a des choses inutiles et sûrement pas excellentes pour notre corps qui se retrouvent dans les aliments les plus simples. Et là, je ne vous parle même pas du goût…
3. Internet, c’est l’ensemble des possibles qui s’élargit : je trouve que ma recette n’est pas assez ceci ou cela? Je vais en comparer quelques-unes sur différents blogs et essayer des modifications. J’ai besoin de copeaux de chocolat, mais j’hésite à me lancer? Quelques vidéos sur Youtube me montreront assez de techniques pour qu’il y en ait au moins une qui me parle. C’est, par exemple, en essayant une panoplie de recettes de pain que j’ai découvert qu’il était possible d’en faire sans que ça prenne une journée. En plus, à force de naviguer, on finit par trouver des outils fiables qui nous ressemblent. En cuisine, je ne me passerais plus des aventures culinaires de kiki. (Souvent, quand je me demandais où j’allais bien dénicher une recette simple pour faire telle ou telle chose, c’est là que je trouvais!) Finalement, outre le web, bouquiner dans la section cuisine d’une librairie est devenu un réel plaisir et, plus que tout, échanger avec des amis sur les petites réussites et les grands échecs reste le meilleur moyen de s’épater encore plus soi-même!
Au final, je ne me targuerai pas d’avoir révolutionné quoi que ce soit, mais il reste que je regarde désormais les emballages sur les tablettes d’épicerie d’une différente manière. Autant que, quand je réalise mon repas du début à la fin, je m’assois pour manger avec une perspective changée et, aussi simplement que cela, je n’ai plus envie de manger en vitesse sur le coin d’une table en travaillant à je-ne-sais-quoi. J’ai le goût de prendre une vraie pause.
Bon fait maison!
Élodie